- Sources : Archives municipales d’Aix-en-Provence, I1-15, n°202
L’an mil huit cent, etc.
Pardevant nous Monge Hippolyte, Commissaire de police, etc.
S’est présenté le sieur Ardouin Louis, âgé de 26 ans, garçon de service d’un sieur Lacroix, exploitant une maison de tolérance, lequel a déclaré ce qui suit:
« Hier, à onze heures du matin, je fus attaqué brutalement dans la rue Porte-Peinte (1) par le sieur Lafont Joseph, âgé de 21 ans, qui, sans provocation, me porta des coups de poing et des coups de pied; les traces de ces violences seront l’objet d’un rapport médical. Après avoir exercé sur moi les sévices dont il s’agit, Lafont se saisit d’une barre de fer déposée aux abords de l’habitation d’un serrurier voisin, le sieur Crépin et dans le but de m’en frapper, mais à mesure qu’il allait en faire usage, elle lui fut enlevée par le témoin Bonfillon. J’ajoute que, préalablement à ces brutalités, Lafont me suivit pendant plus d’une demie-heure, en compagnie d’autres individus que je ne connais point, depuis la cathédrale jusqu’au lieu de l’agression. Je ne m’explique pas l’attitude de mon adversaire.
Le sieur Crépin Achille, âgé de 30 ans, serrurier, rue des Eyguesiers, n°1, affirme les dires du plaignant au sujet des coups de poing seulement. Quant au deuxième témoin, le nommé Bonfillon Jean Baptiste, âgé de 30 ans, étameur, même rue, n°7, il confirme le récit du réclamant en ce qui concerne les coups et la circonstance intéressant la barre de fer saisie par l’inculpé.
Le sieur Lafont Joseph, âgé de 21 ans, né à Aix (Bouches-du-Rhône), fils de Etienne et de Catherine Sautar, célibataire, boulanger à Aix, rue du Bon-Pasteur, n°31.
Ne dénie pas les faits qui lui sont reprochés, mais il dit que le sieur Ardouin lui ayant antérieurement infligé un traitement analogue à celui dont il se plaint, il n’a fait qu’user de représailles.
De tout quoi, nous avons dressé le présent procès-verbal.
Fait à Aix, etc.
(1) Actuelle rue Campra, dans le bourg Saint-Sauveur.