Crime à Fontienne ! (Fontienne, 11 mars 1839)

Lorsque François Richebois et Jean-Baptiste Barthalay marchaient sur la grand-route à Fontienne en ce matin du 11 mars 1839, ils ne s’imaginaient pas que passer près de la combe de Vaumagne allait être pour eux le prélude à une épouvantable journée. Après une courbe du chemin, ils voient en effet une forme sur le bas-côté et, s’approchant, constatent avec horreur qu’il s’agit du corps d’un homme, affalé dans une mare de sang.

fontienne

Avec précaution, on le met sur le dos d’un mulet et l’on s’empresse de le transporter jusqu’à Fontienne où les autorités et le médecin sont prévenus. Le cadavre n’est pas inconnu. Il s’agit de celui de Jean-Thiers Dulme, maréchal-ferrant à Saint-Étienne-les-Orgues. Cet homme de presque cinquante ans a pour habitude de parcourir les campagnes du canton à la recherche de quelques travaux à effectuer.
L’enquête va progresser rapidement grâce à la diligence des forces de l’ordre.
Quelques jours après le crime, en effet, deux chaudronniers calabrais, du nom de Finamore et Ruggiero, sont arrêtés au village du Castellet, près d’Oraison. En peu de temps, ils reconnaissent être les assassins de Dulme. Mis à la disposition du procureur du roi à Forcalquier, ils passent des aveux complets.
vagabonds-fontienneMarchant comme Dulme sur la route de Fontienne, ils avaient croisé l’honnête maréchal-ferrant qui revenait du marché de Forcalquier en compagnie du maire de Fontienne, M. Manuel. Dulme les avait salués. Les deux Calabrais s’étaient approchés. Il semble qu’à ce moment, Manuel avait pris congé Dulme. Ensuite, les deux hommes avaient demandé à Dulme s’il avait de l’argent sur lui. Celui-ci avait commis l’erreur de répondre qu’il en avait, mais bien peu. À ce moment, l’un des deux hommes avait sorti de son sac une arme avec laquelle il avait fait feu, tuant sur le coup le pauvre Dulme. Puis, les assassins lui avaient fait les poches et étaient repartis en changeant de route pour ne pas être inquiétés.
La balle extraite du corps de la victime s’avérera être du même métal que celui qu’utilisent les chaudronniers pour leur industrie. Quant à l’arme, elle ne manquera pas d’étonner : il s’agit d’un soufflet, comme ceux qu’utilisent les chaudronniers, sur le long tuyau duquel on avait ajusté une platine et une culasse. De quoi en faire une arme à feu parfaite et redoutablement efficace.
Le pauvre Jean-Thiers en avait fait les frais. Il laissait une veuve.
Les assassins, quant à eux, furent condamnés au mois d’août suivant par la Cour d’assises de Digne, Finamore à vingt ans de travaux forcés, Ruggiero, l’auteur du tir fatal, aux travaux forcés à perpétuité, le tribunal leur ayant accordé des circonstances atténuantes.
  • Photographie : DR.
  • Source : Divers journaux régionaux, dont Le Mercure aptésien, 18 août 1839, p. 3, 4.

 

Commentaires

  1. Bonjour, connait on l’identité des deux chaudronniers calabrais,
    peut être font ils parti de mes ancêtres!
    merci