L’assassinat de Michel Rampal (Gémenos, 26 mai 1800)

« L’an huit de la République française, une et indivisible, le sept prairial à 9 heures du matin, nous François Tremellat, juge de paix, officier de police judiciaire du canton de Roquevaire, département des Bouches-du-Rhône, sur l’avis qui nous a été donné par le citoyen François Barthélemy, agent municipal de la commune de Gémenos, qu’il s’était commis un assassinat dans le terroir dudit Gémenos, quartier de Saint-Pons, étant accompagné du citoyen Jean-Pierre Puech, officier de santé de la commune de Roquevaire, dont nous avons requis l’assistance à l’effet à l’effet d’être en sa présence procédé aux opérations ci-après dont nous lui avons fait connaître l’objet pour y visiter le particulier mort, nous nous sommes transportés dans la commune de Gémenos où, étant, après avoir requis une escorte suffisante des militaires de la 62 demi-brigade qui se trouvent en cantonnement, et suivi du citoyen agent et adjoint municipaux de ladite commune, et de deux citoyens de la colonne mobile, tous armés, nous avons été conduits sur le lieu à la distance d’environ trois quart de lieue de la commune et dans les collines audit quartier appelé Saint-Pons où se trouve le nouveau chemin voiturier qui conduit au Plan-d’Aups,
Étant là à environ soixante pas dudit chemin, quatre-vingt pas du torrent dit Gour de Loure et à six cents pas de Saint-Pons et à gauche dudit chemin du Plan-d’Aups ou de la Sainte-Baume, nous avons trouvé dans la colline et dans une espèce de fossé d’neviron deux pans de profondeur, un cadavre masculin gisant par terre tout couvert de sang, couché d’échine, la tête nue tournant du côté de la colline et les pieds vers ledit chemin, étant habillé d’une chemise [de] toile blanche, des culottes blanches drap ordinaire, des mauvaises guêtres de peau et d’une paire de souliers ferrés,
Nous avons remarqué sur lui une infinité de plaies et de contusions, lequel a été reconnu pour le corps du citoyen Michel Rampal dit Cura, chauffournier, natif de la commune d’Allauch, domicilié depuis environ quinze à vingt ans dans celle de Gémenos, de l’âge d’environ trente-six ans,
Nous avons requis ledit citoyen Puech, officier de santé, d’en faire la visite à l’instant, à quoi procédant, ledit citoyen Puech a remarqué que cet homme devait avoir expiré depuis environ vingt-quatre heures qu’il avait reçu les coups suivants, portés par des instruments tranchants,
Savoir sur le bras droit six coups, sur le coronal un coup, sur l’oeil gauche un coup, au cou six coups, à l’épaule gauche un coup, sur le nombril du côté gauche deux coups, à la cuisse gauche un coup qui lui a formé un trou de demi-pan de profondeur par trois de large, sur le dos du côté gauche deux coups, et sur le bas-ventre trois coups, formant tous lesquels coups autant de plaies et de contusions et encore un coup de balle au genou droit,
Et ledit citoyen Puech à signé.
[Puech]

Desquelles déclarations il résulte que ledit Michel Rampal dit Cura est mort de mort violente et qu’il a été tué par une arme à feu, avec des instruments tranchants.

En conséquence et attendu que la cause de sa mort est connue et que toutes autres recherches à cet égard seraient inutiles, nous avons déclaré que rien ne s’opposait à ce que ledit corps ne fût inhumé suivant les formes ordinaires,
Et, sur-le-champ, il a été porté sur une charrette au cimetière de Gémenos où nous nous sommes retourné. »

[François Trémellat, juge de paix]
  • Registre d’état-civil de Gémenos
  • Texte signalé par Géraldine Surian