Un crime affreux ensanglanta une ferme de Saint-Martin-de-Crau le 2 octobre 1880 à 8 heures du matin et la nouvelle, arrivée à Arles vers midi, se répandit comme une traînée de poudre dans tous les quartiers de la ville, où elle jeta la consternation.
Un jeune homme de 26 ans, Pierre Jouve, fils de feu Pierre Jouve et d’Eulalie Pasquet, propriétaires du Petit-Rouvian, avait été assassiné par un employé de la ferme, poussé à cet acte par un sentiment de jalousie.
Voici dans quelles circonstances eut lieu ce drame terrible :
Deux des fils de la maison, à la suite d’une altercation, dont on ignore la cause, avaient quitté la ferme vendredi 1er octobre au soir et étaient allés passer la nuit au mas de l’Olivier. Le matin, le plus jeune des frères réveilla son aîné et l’invita à rentrer à la ferme du Petit-Rouvian pour vaquer aux occupations de la journée. Ils se levèrent et rentrèrent à la maison, montant au fenil chercher le foin pour donner à manger aux chevaux.
À peine l’aîné, Pierre, avait-il le haut du corps au-dessus de la trappe qu’un coup de feu l’atteignait en pleine poitrine et il tombait ensanglanté dans les bras de son frère qui s’évanouit.
Presque aussitôt un deuxième coup de feu se faisait entendre… Le meurtrier s’était fait justice.
Le misérable qui s’est rendu coupable de cet acte horrible était un nommé François-Émile Mathieu, 32 ans, marié depuis le mois d’août à une femme de 28 ans, employée comme lui à la ferme.
Il s’était servi, pour perpétrer son crime, d’un fusil à deux coups, chargé avec du plomb n°8 ou 9. Le gros de la charge avait traversé le poumon droit du malheureux Jouve et quelques plombs l’avaient atteint au cœur ; aussi la mort fut-elle instantanée.
L’assassin mit ensuite fin à ses jours en se tirant dans la bouche un coup de fusil qui lui enleva toute la partie supérieure de la tête.
- Sources : L’Homme de bronze, no 51, 3 octobre 1880, p. 2.
- Registre d’état civil de la ville d’Arles, année 1880, Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 203 E 1230.