Le 25 décembre 1703 eut lieu un mariage quelque peu inattendu dans la petite église de Montjustin, près de Reillanne, en Haute-Provence.
Il faut dire que les deux mariés n’étaient pas des jouvenceaux et qu’ils avaient déjà un parcours de vie particulièrement long.
Il n’était d’ailleurs pas anodin que les deux tourtereaux aient choisi le 25 décembre, jour de Noël, pour convoler en justes noces, d’autant plus « à l’aube », une heure où peu de gens pourraient se présenter en l’église et causer des problèmes.
Ce matin-là, le marié se nommait Jean Noat. Il était le fils de feus Guillaume Noat et Jeanne Roberte, et était né à Montjustin dans les années 1630.
Celle qu’il allait épouser, Marguerite Rigaud, fille de feus André Rigaud et Anne Givaudan, était elle aussi née à Montjustin, mais était une jeunette en comparaison, puisqu’elle n’avait qu’une quarantaine d’années.
Il se trouvait que les deux étaient en état de consanguinité spirituelle. En effet, Jean avait été le parrain d’une fille que Marguerite avait eu de son précédent époux, Toussaint Vial. Cet état vaut lien familial et il fallait donc solliciter une dispense auprès de l’Église, ce qui fut fait par le vice-légat d’Avignon en date du 28 novembre 1703.
Les époux n’étaient pas des gens aisés. « L’urgente pauvreté des parties qui ne vivent que de leur travail » était une raison d’être dispensés des frais liés à cette demande de dispense.
Une autre question à régler était le fait que les deux nouveaux époux s’étaient déjà connus charnellement et qu’ils avaient même eu une fille. Forcément, Marguerite était déjà veuve quand elle eut cette fille et vivre ainsi seule avec cette enfant dont on ne connaissait le père causait un véritable scandale dans la petite communauté de Montjustin.
Ce mariage venait donc régulariser cette situation qui ne pouvait plus durer. Aussi, le curé du village unit-il les deux personnes et leur permit « de s’épouser en face de notre sainte mère l’Église, sans aucun scrupule de conscience ». Il ajouta que les futurs enfants qui naîtraient de cette union seraient considérés comme légitimes et naturels.
Nous comprenons bien maintenant pourquoi ce mariage fut célébré le matin de Noël à l’aube…
Sources
- Source : Registre paroissial de Montjustin, Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, 1 MI5/0234.