La veste de l’abbé a disparu (Aix-en-Provence, 8 juillet 1776)

abbe-veste« Du 8 juillet 1776, bureau de police tenu par MM. Barlet, de Puget, Gallicy.
Ledit jour est comparu au bureau le sieur Roux, abbé, du lieu de Cotignac, et a dit qu’il avait envoyé vingt-quatre livres à Gérard, tailleur de cette ville, pour lui faire une veste et que, puisqu’il ne lui avait point envoyé la veste, il eut à lui rendre ses vingt-quatre livres.
Ledit Gérard, tailleur, a dit être vrai qu’il avait reçu 24 livres dudit abbé Roux, pour lui faire une veste, mais qu’il la lui avait envoyée par la voie d’un homme que ledit Roux lui avait adressé, qu’il était bien extraordinaire qu’après cinq années, ledit abbé Roux lui demanda une veste qu’il lui avait fait tenir par un homme qu’il lui avait adressé, duquel visiblement il ne se souvenait pas du nom, attendu le long temps qu’il y avait, mais qu’il se ressouvenait fort bien que sa femme avait porté ladite veste au Logis du Mouton, où soupait cet homme qui la devait porter audit abbé Roux.
La demoiselle Gérard a dit que son mari, il y a bien des années, lui dit de porter la veste de l’abbé Roux au Logis du Mouton où M. …, dont elle ne se rappelle pas le nom, était logé, et qu’il la porterait à Cotignac ; qu’étant allée au Logis du Mouton, elle demanda M. …, du lieu de Cotignac, qu’on lui répondit qu’il soupait, qu’elle entra dans la salle à manger, et qu’elle dit à ce monsieur : « Voilà la veste pour M. l’abbé Roux », et elle s’en alla.
Le sieur abbé Roux a répliqué n’avoir envoyé, ni chargé personne de retirer sa veste, que tout cela était une mauvaise défaite pour ne lui point rendre les vingt-quatre livres.
Ledit Gérard a encore dit que l’abbé Roux ne l’avait prévenu en justice que dans la crainte qu’il ne lui demanda trente-huit jours de logement et de nourriture qu’il avait fourni audit Roux depuis 1768 et duquel il n’avait retiré que quinze francs.
L’abbé Roux a répliqué avoir payé entièrement ledit Gérard de tout logement et nourriture, et qu’il n’était pas vraisemblable qu’il eût resté depuis 1768 jusqu’à aujourd’hui de lui demander son paiement.
Le bureau, disant droit sur les demandes respectives des parties, a ordonné que, en affirmant par ledit Gérard avoir envoyé la veste au sieur abbé Roux par la voie d’un homme qui lui avait été envoyé de sa part, et en affirmant par ledit abbé Roux avoir payé audit Gérard tout logement, nourriture et fournitures à lui faites par ledit Gérard depuis 1768, les parties seront respectivement hors de cause sur leurs demandes, en payant par ledit Gérard audit abbé Roux quatre livres restantes des vingt-quatre du prix de sa veste payé d’avance, et que ledit Gérard a déclaré n’avoir pas employées à la fourniture de la veste. »
[Arnoux curé]
  • Archives communales d’Aix-en-Provence, FF95.
  • Photographie : Monsieur l’abbé en habit d’hiver, estampe d’Antoine Trouvain (1656-1708). Bibliothèque nationale de France

Laisser un commentaire