Le cimetière classé de Forcalquier

Avez-vous déjà visité le cimetière classé de Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence) ? Si vous ne vous en souvenez pas, c’est que vous ne l’avez pas visité, car on ne peut l’oublier lorsqu’on l’a vu.
C’est que l’endroit est exceptionnel : dans un dédale de végétation, le visiteur déambule dans des labyrinthes de verdure, au milieu d’allées artistiquement taillées et d’escaliers agencés autour de pelouses superbes.

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Le lieu est récent : ce n’est qu’en 1835 que ce nouveau cimetière est ouvert aux inhumations. Jusqu’alors, c’est au vallon des Charmels que les Forcalquiérens devaient se faire enterrer. Mais le lieu n’a alors pas le lustre qu’il a de nos jours. Les allées taillées sont bien plus récentes : on les date de la fin du XIXe ou du début du XXe siècle.
C’est le 6 septembre 1835 que le nouveau cimetière de l’avenue de Fontauris est béni par le curé Silve. Ceui-ci ne doit attendre que neuf jours pour y prononcer son premier sermon d’enterrement : Rose Peyre, une jeune fille de 22 ans, fille de Mari Peyre et de Marie Imbert, restera dans les mémoires comme la première à y avoir élu sépulture. Le registre des décès de la ville de Forcalquier conserve d’ailleurs en regard de son acte de décès la mention : « Nouveau cimetière. 1re inhumation. » Un privilège en somme !
D’autres noms plus connus peuvent se rencontrer dans ce cimetière au hasard de la promenade. Par exemple, trois croix de bois qui signalent la sépulture de la famille Drummond, assassinée à Lurs en 1952, ou encore le tombeau de la famille Bouche dont l’épitaphe, qui se veut une tribune philosophique et politique, se lit ainsi :ifscimetiere

« Pendant leur existence ils endurèrent bien des adversités, des injustices et fâcheuses tribulations. Puis leur vie s’exhala sereine vers l’immensité sublime et mystérieuse. Aujourd’hui leurs débris inertes sous cette terre subissent fatalement les transformations que les évolutions du temps leur imposeront dans les siècles infinis. La raison et les traditions de famille les vouèrent au libéralisme pur qui fut leur culte. Exempts de servilité, ils ne s’inclinèrent devant aucune domination avide ou envahissante. Ils eurent à subir l’odieuse arrogance des réactions durant leurs succès éphémères. Ils les dédaignèrent. Ils demeurèrent fidèles à la démocratie sans cesse grandissante dans la juste revendication de ses droits. »

Ne manquez surtout pas de visiter ce cimetière hors du commun si votre route passe par Forcalquier !

  • Crédit photographique : (haut) par JPS68 (Travail personnel), via Wikimedia Commons ; (bas) DR.

 

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