Deux gendarmes à cheval, de la brigade de Pertuis (Vaucluse), conduisaient, le 3 août 1840, quatre condamnés. Trois d’entre eux étaient dirigés sur Embrun (Hautes-Alpes) et le quatrième, un nommé Étienne Guinoir, âgé de 38 ans, inculpé de faux en écriture de commerce, était ramené d’Aix-en-Provence à Apt (Vaucluse) devant le juge d’instruction.
La troupe étant arrivée à un kilomètre de Pertuis et alors que la brigade de cette ville prenait la relève pour conduire les détenus, Guinoir parvint à se défaire des liens qui le tenaient attaché à son camarade et, gravissant aussitôt un ravin inaccessible à la cavalerie, il se mit à courir à travers champs. Le gendarme Martin étant descendu de cheval se mit à sa poursuite, mais il ne put l’atteindre, et malgré les recherches faites par les brigades voisines, par les gardes champêtres et le commissaire de police de Pertuis, il ne put être arrêté. Son évasion était réussie.
Aussitôt, on communiqua son signalement à toutes les brigades de gendarmerie de la région.
Guinoir, qui avait déjà passé deux ans de prison à Embrun pour faux en écriture de commerce, connaissait particulièrement bien la région et était en mesure de se cacher efficacement.
Le commissaire de police de Pertuis, M. Chaillot, se fit notamment remarquer par ses recherches incessantes. De même pour le commandant de la gendarmerie de l’arrondissement d’Apt, M. Latil, qui avait donné son signalement dans tout le Sud.
Enfin, on parvint après quelques jours à retrouver la trace du fugitif et à l’arrêter. Ce fut la brigade de Banon (Basses-Alpes) qui fut l’auteur de cette arrestation. Guinoir était connu pour être d’une force athlétique et d’une audace extraordinaire et il fallut aux gendarmes de Banon une vigueur hors du commun pour parvenir à lui passer les menottes. On dit même que, conduit dans la prison provisoire de Banon, il avait réussi à en percer la voûte. Cependant, transféré le lendemain à Forcalquier (Basses-Alpes), il put être soumis à une surveillance sévère avant d’être transféré à Apt le 26 août.
- Le Mercure aptésien, 9 août 1840, p. 3 ; ibid., 23 août 1840, p. 3 ; ibid., 30 août 1840, p. 2.