Louis et Honorade, une histoire d’amour contrariée (Fayence, 25 septembre 1684)

Le 25 septembre 1684, Messire Ordan, le prêtre de Fayence, célèbre le mariage de deux jeunes du pays : Louis Gardet, de Fayence, et Honorade Rousse, de Rians, deux paroisses éloignées de l’autre.

« L’an 1684 et le 25 septembre, messire Jean Ordan, prêtre servant dans ma paroisse de Fayence, a fait le mariage entre Louis Gardet, fils de feu Jean et de feue Bernardine Ferrade, de ma paroisse, d’une part, et Honorade Rousse, fille de Jean [Roux] et de feue Honorade Gautiere, du lieu de Rians, diocèse d’Aix, d’autre, après avoir été publiée trois fois dans ma dite paroisse, ayant toujours fait répugnance de célébrer ledit mariage, attendu qu’il ne me conste pas de la publication des bans de la part de ladite Rousse, ni de la dispense de son Éminence d’Aix.
M. Porre, en qualité de grand-vicaire de Fréjus, m’a écrit la lettre jointe, par laquelle il me marque que Monseigneur de Fréjus trouve à propos que nous passions outre, nonobstant toutes ces difficultés, ce que Messire Ordan a fait pendant le saint sacrifice de la messe, en présence d’Honoré Tardieu, témoin appelé, et Antoine André, ci-soussignés avec nous. »
[Alongo, vicaire et prieur, André, Tardieu, Blanc, curé]

L’acte indique clairement qu’il existe un problème pour la célébration de ce mariage. Par chance, les lettres échangées pour la circonstance nous sont parvenues. Les voici :

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« J’ai reçu votre lettre par laquelle vous me marquez du mariage de Honorade Rousse, à laquelle est arrivée une méchante affaire. Je vous dirais que c’est une mienne paroissienne, partie d’une bonne famille et honnêtes gens, à qui il n’y a rien à dire, mais la fréquentation qu’elle a eu avec ce jeune homme l’a jetée dans le malheur où elle se voit à présent et, par malheur, Jean Roux, son père, se trouve incommodé et détenu par des fièvres qui ne lui donnent aucun relâche, qui l’empêchent de se porter jusque chez vous pour terminer ce mariage. Néanmoins, il donne sn consentement, afin que vous puissiez passer outre à la consommation dudit mariage, comme je fais,
« Et suis, Monsieur, votre très humble et obéissant serviteur. »
[Bérard, vicaire]
Rians, ce 13 septembre 1684.

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Reproduction d’une partie de la lettre à destination du prêtre Alongo. AD83.

« Monsieur,
« Louis Gardet, votre paroissien, m’a représenté que, s’étant engagé avec une fille de Rians, qu’il a amenée à Fayence avec une sienne sœur, de votre ordre pour mettre sa conscience en repos, il est allé audit Rians et vous a remis une attestation qui porte que cette fille n’est pas mariée et que le mariage entre elle et ledit Gardet a été publié une fois que le père de cette fille donne son consentement et qu’il ne resterait que la dispense de Monseigneur de Fréjus ou la publication des trois bans dans votre paroisse pour achever cette affaire et célébrer ce mariage.
« Si vous avez toutes ces pièces en main, ayez la bonté de les remettre à ce garçon afin que nous les voyions sans l’obliger de retourner à Aix, attendu sa pauvreté, car vous savez très bien que l’évêque du lieu où le mariage se contracte dispensant des bans, il n’est pas absolument nécessaire qu’un autre évêque dispense la partie qui est d’un autre diocèse et dans cette occasion, il faut agir favorablement et tirer les gens du péché.
« Puisque les choses sont faites, je vous prie de rendre charitablement service à ces misérables et de me conserver toujours véritablement,
« Monsieur,
« Votre très humble et affectionné service. »
Fréjus, 19 septembre 1684.
[Porre, prêtre]

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« Monsieur,
« Je ne voudrais pour rien au monde blesser votre conscience, mais puisque Monsieur le vicaire de Rians donne son consentement […], le père sera bien aise que l’honneur de sa fille soit réparé. Monseigneur trouve à propos qu’après la troisième publication des bans et qu’ils demeurent séparés, vous les confessiez et leur imposiez une pénitence salutaire et passiez outre à la célébration dudit mariage. Nosseigneurs les prélats ont des raisons pour mettre leurs ouailles dans la voie du salut et les tirer du danger comme des véritables pasteurs.
« Voilà l’ordre de Monseigneur, avec la protestation de mes services, comme étant véritablement, Monsieur, votre très humble et obéissant serviteur. »
Fréjus, 21 septembre 1684.
[Porre, prêtre]

  • Registre paroissial de Fayence, Archives départementales du Var, 7 E 59/2.

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