Le miracle de Maillane (28 août 1854)

Le choléra sévit depuis un mois. Cent habitants au plus restent dans le village, parmi lesquels trente et un alités, dont huit à l’agonie. Les Maillanais sont aux abois. Dans l’affliction, ils en appellent au Ciel : « Notre-Dame de Grâce, sauvez-nous ! », implorent-ils.
Place de l'église, où se serait déroulé le "miracle" de 1854. La croix s'y dressait déjà, car elle fut bénite le 2 mai 1852. Cliché Marius Daillan éd.
Place de l’église, où se serait déroulé le « miracle » de 1854.
La croix s’y dressait déjà, car elle fut bénite le 2 mai 1852. Cliché Marius Daillan éd.
Cela fait dix ans que la statue de la Vierge, très vénérée par les habitants avant la Révolution, est quasiment au rebut dans une classe de l’école des sœurs, oubliée de tous. On la sort de la salle, on la dépoussière, on la revêt d’une robe violette. Une procession s’organise, à laquelle participent trois prêtres – le curé Moulin, le vicaire Fouque et le curé de Ventabren, Jailler, né précisément à Maillane –, la sœur Saint-Sauveur, dix fidèles – trois hommes et sept femmes –. Peu de personnes en somme pour représenter de manière assez pitoyable une population désespérée.
Le cortège s’ébranle. Au chant du Miserere, on pose la Vierge sur la place du village. Au milieu de celle-ci, une table a été installée et sur le dessus de laquelle quelques fleurs ont été déposées à la hâte.

Écoutez le Miserere en cliquant sur la flèche orange.

La procession cesse de chanter. Un parfait silence s’installe sur la place. Une soixantaine de personnes sortent de leur maison et assistent à la scène. Chacune des personnes présentes tombe soudain à genoux. L’abbé Jailler regarde lentement chacun puis, fermant les yeux, il lève les bras et entonne le Sub tuum.

Écoutez le Sub tuum en cliquant sur la flèche orange.

Les heures passent. Les Maillanais s’épuisent dans leur prière. 6 heures sonnent lugubrement au clocher.
L’histoire est belle et empreinte de sentiments religieux mais la mémoire maillanaise atteste qu’à cette heure précise – 6 heures du soir –, tous les malades de la commune furent soudainement guéris du choléra. L’épidémie cessa dans l’heure et aucun nouveau cas ne se déclara. On dit même que, les années suivantes, le choléra s’abattit sur de nouvelles communes des Bouches-du-Rhône, il épargna chaque fois Maillane.
Ce qui est certain, en réalité, ce n’est pas le fait que tous les malades furent soudains guéris. Ce qui l’est davantage, c’est qu’au moins une malade a recouvré la santé au moment où les cloches sonnaient 6 heures : une certaine Marthe Gauthier, au sujet de laquelle le médecin avait annoncé une mort imminente.
Depuis cette date et à la suite de cet événement appelé le « miracle de Maillane », la commune est devenue un des deux principaux lieux de pèlerinage mariaux des Bouches-du-Rhône, avec Notre-Dame de la Garde (Marseille). Un oratoire commémoratif a été construit à Maillane. Chaque année depuis ce jour, une procession est organisée dans la commune les 28 et 29 août.

Sources

M. Constantin, Les paroisses du diocèse d’Aix, leurs souvenirs et leurs monuments, impr. de l’Archevêché, typ. Makaire, Aix, 1890-1898.
Michel Dubost, Stanislas Lalanne, Le Nouveau Théo. Livre 4 : La foi catholique, Mame, Paris, 2009.

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