Le nommé Tron est un marchand ambulant au caractère irascible. Il vend et raccomode les parapluies, la faïence et la porcelaine.
L’habitude de manier ces armes patriarcales (les parapluies) lui a donné quelque chose de martial et d’agressif dans la démarche.
Très brave homme au demeurant, il ne faut pas qu’on l’asticote. Tron de l’air1 !
Il y a quelques temps, il a administré sur la Canebière un râclée exemplaire à un camarade qui débinait la qualité de ses fourreaux.
Condamné à huit jours de prison pour ce motif, il a négligé de purger sa condamnation. On l’a arrêté l’autre jour à Aix, au milieu de son installation foraine…
« Vous me déshonorez, s’est-il écrié. Je vais faire un malheur !… »
À ces mots, il saisit une de ses armes offensives et essaya de s’en percer le sein… Mais le parapluie lui refusa tout concours et ne perça même pas le gilet…
Les agents lui retinrent d’ailleurs le bras. À l’encontre de Jonas, il a juré d’avaler, à sa sortie de prison, une baleine… de parapluie !
- Source : Le Mémorial d’Aix, éd. 20 novembre 1892, 55e année, no 92, p. 2.
Note
1 Provençal tron (« coup de tonnerre »). L’expression Tron de l’air désigne un caractère irascible et tempétueux.
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