La ville de Marseille, réputée pour son esprit indépendant et révolutionnaire, fut le théâtre d’une nuit d’émeutes particulièrement violente dans le contexte tumultueux de la Révolution de février 1848. Profitant de l’abdication de Louis-Philippe le 24 février et de l’instabilité politique qui secouait alors la France, des milliers de Marseillais, principalement des ouvriers et des artisans exaspérés par leurs conditions de vie, se soulevèrent. Cette foule, pour l’ensemble, était principalement constituée de jeunes hommes de 15 à 22 ans.
Les événements de la nuit du 25 février marquèrent un tournant dans l’histoire de la ville. Dès la tombée de la nuit, des groupes de manifestants, galvanisés par l’esprit révolutionnaire, se formèrent dans les quartiers populaires. Brandissant des drapeaux tricolores surmontés du bonnet phrygien et des torches, ils parcoururent les rues, scandant des slogans hostiles à la monarchie et réclamant une République.
La préfecture, symbole de l’autorité royale, fut rapidement prise pour cible mais elle était bien gardée par une compagnie de la nouvelle garde nationale.
En revanche, la résidence de André Reynard (1799-1861), moins fortement gardée, fut assaillie à grands coups de pierres. Un soldat et un garde national furent blessés par les projectiles et un ouvrier reçut à la joue un coup de baïonnette. Cette nuit marqua la fin du mandat de Reynard. La Deuxième République naissante allait le remplacer par Emmanuel Barthélemy (1804-1880).
Hormis ces événements, il n’y eut que des dégâts matériels et des clameurs, mais ces dégâts étaient graves et nombreux. Les vitres et les réverbères de l’Hôtel-de-Ville furent tous brisés. Il en fut de même sur le trajet de la Colonne dans les rues de la Loge et Coutellerie, sur le quai du Port, à la Canebière, à la rue de l’Arbre et à la place Noailles. Les cafés d’Europe et du Commerce aussi souffrirent beaucoup.
Pendant ce temps, on chantait au Grand-Théâtre La Marseillaise et le chœur « Guerre aux tyrans ».
Le tumulte dura jusqu’après minuit.
- Sources : La Gazette du Midi, 27 février 1848, p. 3.