Un drame tragique vint troubler la paisible journée du mercredi 12 janvier 1848 dans le quartier de Saint-Marcel, à l’est de Marseille (Bouches-du-Rhône). Tandis que le procureur du Roi et le juge d’instruction se trouvaient au château de la Reynarde pour une affaire concernant l’assassinat de la nourrice du jeune de Félix, ils furent brusquement interrompus dans leur tâche. Des habitants de La Penne-sur-Huveaune venaient en courant les avertir qu’un individu armé semait la terreur et était poursuivi par la population, le maire en tête.
La poursuite était à son paroxysme lorsque les magistrats arrivèrent sur les lieux. Ils découvrirent un homme armé de deux pistolets, tenant en respect un groupe d’habitants et menaçant de faire feu sur le premier qui avancerait. Un homme de la Penne, connaissant le forcené, tenta de le raisonner en s’approchant, accompagné de deux hommes armés de fusils. Mais au lieu de céder, le furieux tira sur eux avec ses pistolets, heureusement chargés de plombs. Face à cette menace, les deux chasseurs répliquèrent et le forcené s’effondra, atteint par deux balles.
Cet homme, inconnu des habitants de la Penne mais réputé pour avoir déjà eu des démêlés avec la justice, entretenait des relations tumultueuses avec une femme du village. Il la menaçait depuis quelque temps et c’est elle qui, alertée par le bruit, avait appelé à l’aide.
Le procureur du Roi, ayant constaté le danger imminent qui pesait sur les témoins, avait autorisé l’usage des armes en dernier recours, recommandant de tirer dans les jambes pour maîtriser le malfaiteur sans le tuer. Cependant, face à l’agression, les deux hommes avaient agi par instinct de survie, oubliant les recommandations du magistrat.
- Source : La Gazette du Midi, 15 janvier 1848, p. 2.