Le 5 août 1839, un voleur peu adroit, mais très effronté, s’arrêta devant la boutique du sieur Chabassut, taillandier, rue Saint-Pierre, à Apt (Vaucluse) et lui présenta une lime qu’il venait en fait de prendre sur son établi, lui demandant avec culot s’il voulait l’acheter.
Légèrement suspicieux, le taillandier lui demanda :
« Où as-tu volé cette lime ? »
Ce à quoi le voleur répondit : « Je l’ai apportée de Carpentras. »
Cependant, Chabassut, qui n’avait pas été vigilant, conclut l’affaire et, sans le savoir, acheta sa propre lime, à raison de 25 centimes. L’individu empocha la somme et s’esquiva.
Mais à peine avait-il fait quelques pas que Chabassut se rendit compte de la méprise. Malheureusement, l’homme s’était éclipsé. Il ne restait plus au taillandier qu’à raconter la mésaventure à ses voisins et à en rire lui-même avec eux.
Mais le soir, Chabassut reconnut l’homme qui passait devant sa boutique.
Ni une ni deux, il le saisit au collet et le fit entrer chez lui, lui faisant observer que la lime qu’il lui avait achetée était déjà à lui, qu’il la lui avait escamotée et qu’il allait donc le faire arrêter.
Le voleur ne perdit pas sa contenance et lui répondit naïvement que, pour cinq pauvres sols, il ne valait pas la peine de faire tant de bruit, qu’il allait lui rendre son argent, à la seule condition qu’il lui offrît un verre de vin.
Chabassut reprit ses 25 centimes et envoya le filou se faire pendre ailleurs.
- Source : Le Mercure aptésien, 11 août 1839, p. 4.