Pour l’établissement d’un maître d’école (Oppedette, novembre 1780)

 Jean-Jacques de Boissieu, Le petit maître d’école, 1770.
Jean-Jacques de Boissieu, Le petit maître d’école, 1770.

En 1780, la communauté du lieu d’Oppedette (Alpes-de-Haute-Provence) demandait, par l’intermédiaire de son maire et ses consuls, l’autorisation d’établir sur place un maître d’école pour ses enfants.
Le registre présent aux Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, à Digne-les-Bains, sous la cote 1MI5/0044 398/774 propose ce document à la lecture. La date précise du document n’est pas connue. On sait seulement qu’il fut rédigé un 5 et que la réponse à la missive date du 21 novembre 1780. En voici sa transcription :
« À Monseigneur le Premier président et intendant,
« Supplient humblement les sieurs maire et consuls de la comm[unau]té du lieu d’Oppedette, viguerie de Forcalquier,
« Rencontrant à votre grandeur, Monseigneur, que l’éducation des jeunes enfants est si fort négligée dans le pays que dans peu de temps on n’y trouvera pas un seul homme en état de soutenir les intérêts de la comm[unau]té et même en état de mettre sa signature dans cette circonstance.
« Les pères de famille ne cessent de se plaindre et de demander avec ins[is]tance l’établissement d’un maître d’école qui eût soin des jeunes enfants pour leur apprendre à lire et écrire.
« Ce fut pour mettre fin à toutes ces plaintes que les suppliants prirent la résolution d’assembler le conseil de la comm[unau]té dudit lieu le 5e du courant pour délibérer sur l’établissement d’un maître d’école audit conseil assemblé. Cet établissement fut unanimement délibéré. Il y fut en même temps délibéré d’accorder trente-six livres des gages à un maître d’école par année, avec le logement, après toutefois que la susdite délibération serait par vous, Monseigneur, autorisée. Et à cet effet, les suppliants furent chargés de vous supplier de vouloir bien autoriser la susdite délibération. Dans ces circonstances, les suppliants ont recours à votre grandeur.
« Aux fins qu’il vous plaise, Monseigneur, vous apparaissant de l’extrait de la susdite délibération prise par la comm[unau]té du lieu d’Oppedette, viguerie de Forcalquier, en date du cinquième du courant, de vouloir bien autoriser icelle et ladite comm[unau]té à établir un maître d’école audit lieu, aux gages de trente-six livres par année avec le logement en sus.
« Ce faisant, les suppliants ainsi que tous les pères de famille dudit lieu ne cesseront de faire des vœux au Ciel pour la conservation de votre illustre personne. »
[Martin]
greffier pour les susdits maire et consuls, étant illettrés.

Quelle réponse fut faite à cette demande ? À Lambesc, le 21 novembre 1780, on écrivit : « Il n’y a pas lieu d’autoriser la délibération qui serait dispendieuse pour la communauté sans lui être utile. » Aussi surprenant qu’on pourrait l’imaginer et sans doute à la stupéfaction de la communauté d’Oppedette, le conseil du village se voyait opposer un refus catégorique.

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